Le cas du Kenya offre un bon exemple sous-régional pour aborder les enjeux de l’éducation et du développement en Afrique sub-saharienne au cours des 30 dernières années. Le Kenya a pendant longtemps affiché des taux élevés de scolarisation  avant de connaître une crise sévère dans les années 1990 qui a été marquée par une vague inédite de déscolarisation. Depuis le mois de janvier 2003, le nouveau gouvernement d’alternance, élu démocratiquement en décembre 2002, s’est lancé dans un ambitieux programme de scolarisation primaire universelle avec l’aide de la communauté internationale de bailleurs.
Depuis son indépendance en 1963, le développement rapide de l’éducation au Kenya a été le fruit d’une volonté politique affirmée, relayée par un investissement majeur des communautés locales. Dans les années 1980, les politiques internationales de développement ont défini de nouveaux arbitrages en faveur notamment de l’éducation primaire, qui ont contribué à modifier les équilibres sociaux et politiques préexistants. Ces nouvelles orientations de nature exogènes ont introduit d’importantes recompositions du champ scolaire dont il convient de mesurer les impacts. L’analyse des mutations récentes du système éducatif kenyan doit permettre d’évaluer la place de l’institution scolaire dans le développement social, économique mais aussi politique du pays, dans une perspective passée, présente et à venir.